Les nouvelles de la maison Gaillard pour la production de pommes-poires ne sont pas très bonnes et dans une démarche de soutien et de bienveillance envers la Maison Gaillard, nous nous sommes positionnés en faveur d’un contrat solidaire pour cette année.
Celui-ci correspondrait à la mise en place de deux solutions :
- La première serait d’avoir des paniers avec les pommes de la maison Gaillard puis avec des pommes d’autres producteurs bio locaux de leurs entourages.
- La deuxième concernerait le prochain contrat fruits rouges 2024. Les amapiens qui envisagent de souscrire à ce contrat feraient un chèque d’acompte, par exemple au mois de mars pour 10 barquettes de fruits rouges, qui serait encaissé à réception afin de maitriser leur découvert bancaire.
Vous trouverez ci-dessous les explications détaillées par Dominique à travers trois mails :
1. La situation des récoltes et les solutions proposées
2. Le détail des producteurs associés
3. Les questionnements de Dominique pour faire face à ces nouvelles difficultés.
« Bonjour,
Depuis la mi-avril nous savons que la récolte de pommes va être extrêmement faible – finalement elle devrait se situer autour de 8 tonnes au lieu de 80 à 90 tonnes normalement attendues – du fait d’une alternance généralisée dans notre plus grand verger des Bergeries.
Pour rappel cette alternance est la conséquence d’une très grosse récolte en 2022 dans une année de longue sécheresse alors que le verger n’était pas irrigué : les arbres n’ont pas eu assez de réserves pour « fabriquer » des bourgeons à fruits pour l’année suivante, l’année 2023. Avec votre concours nous avons pratiqué une extinction florale 3 samedis consécutifs afin de diminuer la charge des arbres mais cela n’a pas suffi.
Jean-Marc a mis en place l’irrigation de ce verger à partir du mois de novembre, elle est opérationnelle depuis le mois de juin. Ainsi, pour l’avenir, nous devrions être à l’abri d’une nouvelle alternance généralisée.
Notre récolte de poires va être nettement inférieure à nos prévisions. Nous la connaitrons plus précisément à la fin de la semaine après la récolte de la variété Comice (Williams et Conférence sont déjà récoltées). Nous l’estimons à un peu moins de 20 tonnes au lieu de 35 à 40 tonnes attendues.
Deux raisons à cette récolte décevante :
- Avant la nouaison – étape à l’issue de laquelle les fruits accrochent définitivement – il y a eu une chute importante de Conférence sans doute provoquée par l’épisode froid de la première quinzaine de mai.
- Malgré la pluie de la fin du mois de juillet, le calibre des poires est plutôt petit.
Contrairement à 2021 – année du gel historique – nous n’allons bénéficier d’aucune indemnité, nous avions alors perçu plus de 90 000€ d’indemnités diverses (calamités agricoles, aides MSA, aide du Conseil Départemental des Yvelines). Nous allons donc avoir de très gros problème de trésorerie à partir de mars/avril 2024.
Pour faire face à cette situation, voici les actions que nous avons identifiées :
- Nous avons obtenu de notre banque le report de deux échéances de remboursement d’emprunt pour un capital de 38 000€ ainsi qu’un accord de principe de l’augmentation de notre découvert bancaire pour le faire passer de 70 000€ à 100 000€.
- A compter du mois de janvier nous allons diminuer notre rémunération mensuelle de 500€.
- Si l’évolution de la trésorerie l’exige nous injecterons de nos économies.
- Enfin, en dernier ressort, nous demanderons à nos parents le report partiel ou total du paiement de leur loyer pour la mise à disposition des terres, bâtiments et logements (autour de 19 000€).
Ce jeudi 31 août j’ai participé à une réunion de bureau de deux AMAP au cours de laquelle j’ai exposé la situation comme je viens de le faire.
Deux nouvelles pistes ont été proposées par des membres du bureau. Je vous les présente dans l’ordre chronologique de leur réalisation :
• La première consiste à préparer les paniers avec nos pommes puis avec des pommes que nous allons acheter à des producteurs bio, si possible locaux, sans passer par Rungis. La marge réalisée permettrait de combler partiellement la perte financière.
• La deuxième concerne le prochain contrat fruits rouges 2024. Les amapiens qui envisagent de souscrire à ce contrat feraient un chèque d’acompte, par exemple au mois de mars pour 10 barquettes de fruits rouges, qui serait encaissé à réception afin de maitriser notre découvert bancaire.
La solution d’achat/revente avait déjà été envisagée en 2021 mais n’avait pas été retenue car contraire à la démarche AMAP. Les indemnités diverses, le panier solidaire et la collecte solidaire nous avaient alors permis de maitriser notre découvert bancaire.
Le contexte de 2023 est autrement plus difficile que 2021 du fait de l’absence d’indemnités. De plus, seulement deux ans après, la mise en place d’une nouvelle collecte solidaire n’est pas envisageable, d’autant moins qu’aucun problème climatique n’est advenu en 2023.
Nous ne pourrons donc compter que sur les seuls contrats AMAP pour nous en sortir. Mais avec notre seule très faible récolte ce n’est pas possible car les prix des paniers serait beaucoup trop élevés.
Il nous semble que la solution d’achat/revente est la seule qui nous permettrait de proposer aux amapiens des paniers à des prix accessibles, bien que plus élevés que la normale, et de réduire significativement la perte économique.
Nous connaissons une productrice – Pauline Fouquet – et cinq producteurs – Valentin Abit, Denis Barnetche, Antoine Fremin, Romaric Lemoine et Bertrand Puel – bio franciliens qui, comme nous lorsque nous avons suffisamment de pommes ou poires, approvisionnent la Coopérative Bio d’Ile-de-France.
Vendredi j’ai contacté Diego Courtois de la Coopérative pour savoir si nous pourrions être approvisionnés de la quantité nécessaire à la préparation de paniers pour des distributions allant jusqu’à la fin du mois de mars. Sa réponse a été positive et il m’a proposé de nous communiquer la fiche d’identité de la productrice et des producteurs concernés. Etant sociétaire de la Coopérative, nous pourrions bénéficier d’un tarif préférentiel.
Au début de 2024, nous ferons un point sur l’évolution de notre trésorerie et, si nécessaire (ce qui est probable), nous pourrions activer le versement d’un acompte sur le prochain contrat fruits rouges.
Nous vous soumettons ces deux solutions et vous remercions de nous donner un retour assez rapidement car nous allons lancer le contrat pommes-poires à la mi-septembre.
Si vous avez d’autres idées merci de nous les communiquer au plus vite.
Nous savons que l’achat/revente est contraire à la démarche AMAP mais il nous semble que cette solution, combinée au versement d’un acompte sur le prochain contrat fruits rouges, est la seule qui nous permettra de passer ce cap extrêmement difficile.
Depuis 2015 – exceptée la campagne 2018 – nous subissons une série d’évènements climatiques inédite qui ne nous a pas permis de constituer des réserves. A chaque fois vous avez été solidaires et notre découvert bancaire a pu être maintenu dans les limites contractuelles. Face à ces évènements climatiques nous ne sommes pas passifs, nous mettons en place l’irrigation à chaque fois que c’est possible.
Une nouvelle fois nous faisons appel à votre solidarité.
A très vite.
Dominique »
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Dans un second mail, Dominique nous explique l’origine des pommes qu’il pourrait y avoir pour les prochains contrats 2023/2024 une fois leur stock épuisé.
« Bonjour,
Ce mail pour préciser l’origine des pommes qui seraient distribuées une fois notre stock épuisé.
A la suite du Grenelle de l’Environnement qui a fixé des objectifs ambitieux dans la consommation de produits bio en restauration collective, le Groupement des Agriculteurs Bio d’Ile-de-France a accompagné la création de l’association Fermes Bio d’Ile-de-France.
Cette association a eu deux objectifs :
• Recenser l’offre des produits bio franciliens,
• Proposer ces produits bio franciliens aux acteurs de la restauration collective (les collectivités territoriales, les grandes entreprises) et aux magasins spécialisés (Biocoop, Naturalia, etc.).
Nous avons fait parti des 8 exploitations agricoles, la seule arboricole, qui ont participé à la genèse de l’association.
Fermes Bio d’Ile-de-France a eu un développement assez rapide et est devenu la Coopérative Bio d’Ile-de-France en 2014 dont la forme juridique est une S.C.I.C..
Cette forme juridique associe tous les acteurs de la filière en leur permettant d’en devenir sociétaires :
- Les producteurs bio (fruits, légumes, oeufs, produits laitiers, pains, etc.),
- Les partenaires institutionnels (GAB IdF, Terre et Citées),
- Les collectivités territoriales (ville de Paris, CD91, CD93, CD94, etc.),
- Les clients (Compass, Sodexo, Magasins Biocoop, etc.),
- Les transformateurs/distributeurs (Moulin Matignon, Moulins Bourgeois, etc.)
- Les salariés de la coopérative.
Nous avons engagé la conversion de nos pommiers et poiriers vers l’agriculture biologique le 9 décembre 2009. Notre première récolte certifiée bio serait la récolte 2013.
Les récoltes 2011 et 2012 étaient « en conversion » et Fermes Bio Ile-de-France nous a permis de valoriser cette production.
Lorsque les récoltes le permettent, comme en 2022, la coopérative nous permet d’écouler la partie de nos productions non destinée aux AMAP et à notre boutique à la ferme.
Depuis 2011 une arboricultrice et cinq arboriculteurs sont devenus sociétaires de la coopérative et leurs productions ont permis de combler le déficit d’offre régional pour satisfaire la demande.
Tenant compte de notre très faible récolte, ce sont leurs pommes que nous vous proposons d’acheter à la coopérative à l’occasion du contrat pommes-poires à venir.
Voici ces producteurs et leur localisation :
- Valentin ABIT – Ferme du Colombier – 77320 Beton Bazoches,
- Denis BARNETCHE – SCEA TERRE DE SAVEURS – 44 Chemin de Gerocourt 95650 Boissy L’Aillerie,
- Pauline FOUQUET – ARJOLIDOQUET – Aux Champs Soisy – 91750 Champcueil,
- Antoine FREMIN – La Ferme de la Haye – 78130 Les Mureaux,
- Romaric LEMOINE – Ferme de Signets – 77640 Signy Signets,
- Bertrand PUEL – 78240 Chambourcy.
Certains d’entre eux travaillent avec des AMAP.
Romaric LEMOINE est également maraicher et, à ce jour, seules ses productions arboricoles sont certifiées bio.
La structure arboricole de la Ferme de la Haye est installée à Villepreux (78450) et s’appelle Les Vergers de la Haye.
Voilà, nous restons disponibles pour répondre en toute transparence à vos questions.
Bon week-end.
Dominique »
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Un dernier mail de Dominique sur ses interrogations à pouvoir affronter les difficultés sans le soutien des Amapiens.
« Bonjour,
Dans la réponse à un amapien je lui ai fais part de mon questionnement. J’ai pensé qu’il pouvait être utile de le partager à tous les groupes.
L’arboriculture est probablement l’activité de production agricole la plus exposée au dérèglement climatique.
J’aurais préféré que ce ne soit pas le cas mais nous en sommes un parfait exemple :
- 2015 Calamités agricoles conséquence d’un coup de chaleur très localisé,
- 2016 Calamités agricoles conséquence d’un printemps extrêmement frais (mauvaise pollinisation),
- 2017 Calamités agricoles (gelée blanche printanière),
- 2019 Calamités agricoles (gelée blanche printanière),
- 2020 Sécheresse (15 tonnes de fruits pour le jus de pomme car trop petits),
- 2021 Calamités agricoles (gelée noire printanière),
- 2022 Sécheresse (8 tonnes de fruits pour le jus de pomme car trop petits).
Nous avons pu traverser ces campagnes compliquées grâce au soutien des amapiennes et des amapiens sans faire appel à de l’achat/revente même si nous l’avons envisagé en 2021.
Cette campagne 2023 est singulière car, pour la première fois, nous n’allons bénéficier d’aucune indemnité liée à un évènement climatique.
Du coup seul les contrats AMAP peuvent nous permettre d’éviter la catastrophe économique.
Cette situation suscite chez moi des questionnements sur le dogme de l’interdiction de l’achat/revente dans un contrat AMAP.
• Dans des cas exceptionnels comme celui que nous vivons cette année, ne faut-il pas envisager une forme de souplesse ?
• Nous avons à cœur de continuer à vous apporter nos fruits. Comment allons-nous faire si nous avons la tête sous l’eau ?
P.S. : A ce jour, 21 AMAP sur 23 sont d’accord pour nous accompagner en acceptant des pommes bio d’autres producteurs franciliens dans leur panier. Les 2 autres sont plutôt défavorables.
Merci pour vos retours.
Dominique »